Jeu de pomme, Jeux de Paul
crédit photo - Alain Longuet
Jeu de pomme, Jeux de Paul
Direction musicale : Pierre Roullier, Chef de chant : Jean-Yves Aizic, Chorégraphie : Massidi Adiatou, Décors : Olivier Coutagne,Costumes : Isabelle Huchet, Eclairage : Hervé Gary, Assistante : Christine Le Serbon
Avec : Massidi Adiatou, Jean-Michel Caune, Serge Djen, Keiko Imamura, Maja Pavlovska, Ensemble 2e2m : Laurent Bômont (trompette), Tanguy Menez (contrebasse), Jean Philippe Grometto : (flûte), Mélanie Brégant (accordéon)
> à l'Arsenal de Metz
3 Avenue Ney - 57000 Metz
Le 9 décembre 2007 à 16h
et le 10 décembre 2007 à 14h
France 2 - « Grand public, ce spectacle amène petits et grands à s'ouvrir à l'art sous toutes ses formes Un plaisir d'une heure trente à voir de toute urgence».
Comment a émergé cette idée de faire de la vie de Cézanne un jeu ?
S.G. : Le conservateur du Musée Granet à Aix en Provence, Denis Coutagne qui n'est autre que le frère du décorateur de mes spectacles, souhaitait la création d'un opéra sur Paul Cézanne. La vie de Cézanne, je ne la trouvais pas très romanesque, plutôt triste ; cependant il m'intéressait par sa démarche souvent incomprise de chercheur inlassable. Comment raconter Cézanne de manière divertissante et pas trop scolaire ? J'ai eu l'idée d'un jeu grandeur nature sur scène, un jeu de l'oie où Cézanne, au gré des coups de dés, avance de case en case et dévoile les épisodes de sa vie.
Le jeu de l'oie a une dimension ésotérique...
S.G. : Son origine remonte à l'Antiquité. Il constitue un jeu initiatique, une sorte de labyrinthe divinatoire. Le jeu de l'oie me permet d'aborder le désordre de la vie de Paul Cézanne sur un mode à la fois ludique et symbolique. A travers le dédale des différentes étapes de son existence, Cézanne se trouve face à son destin et délivre ses vérités, ses joies, ses tourments...
L'entrée dans le jeu des pommes, qu'est-ce que ça représente ?
S.G. : Il y a sur scène des pommes sous des formes variées, détournées, de toutes tailles, de toutes les couleurs. Elles rappellent que Cézanne considérait ce fruit comme un objet idéal pour travailler sur les volumes et la couleur. Il peignit de nombreuses natures mortes avec des pommes. Et puis il y a sa phrase fameuse : "J'étonnerai Paris avec une pomme ".
Vous avez écrit le spectacle en mêlant humour et poésie...
S.G. : Oui ça correspond à mon idéal d'écriture qui est d'aller dans la profondeur, mais toujours avec légereté. Quand il y a de l'humour, du rire, fut-il cruel, le message passe mieux. Le message est donc ludique et humoristique. Les enfants à partir de 10, 12 ans, apprécient cet univers.
Denis Coutagne - Conservateur en chef du musée Granet
Commissaire de l'exposition Cézanne en Provence à Aix en 2006
Suggeeta Fribourg a pris le risque de monter un "opéra" sur Cézanne. Je l'admire, car Cézanne si peu mélomane, peintre uniquement peintre et toujours peintre, ne laisse peu de prise à l'anecdote. Sa vie ne ressemble en rien à celle de Picasso, permettant sur le plan de l'action dramatique des rebondissements.
Suggeeta prend alors Cézanne au plus profond de sa création et construit un spectacle : il faut bien un déroulement théâtral pour l'intérêt du spectateur ! L'argument en sera ce jeu de l'oie comme un jeu de cartes grâce auquel le geste créateur du peintre est montré. Conflit intérieur devenant un conflit avec son ami d'enfance Emile Zola, conflit intérieur imposant une opposition au père, imposant une vie amoureuse difficile, imposant encore la solitude (Cézanne rejeté du Salon, exclu par ses propres amis...) : Suggeeta utlise quelques vérités historiques de la vie de Cézanne mais jamais comme des anecdotes, toujours des ressorts pour mettre en scène le créateur.
Le rythme du spectacle est rapide et donne vie au peintre. Le peintre en sort à la fois solitaire et "hors norme". Il en est d'autant plus humain.
Suggeeta réussit alors ce tour de force de rendre accessible musicalement, théâtralement parlant un drame intérieur, celui d’un artiste confronté à lui-même dans un rapport à la nature, au corps aux choses dont la pomme est le signe ( j'aime ce jeu de pomme comme une boxe...). Car Cézanne plus qu'aucun autre s'est totalement donné à l'art, si totalement qu'il voudra mourir le pinceau à la main.
De Manière ludique, déconcertante parfois, vivante, le spectacle de Suggeeta nous donne de comprendre de l'intérieur ce peintre, à travers une création (en l'occurrence musicale et théâtrale) spécifique d'une rare qualité... A voir
Le sujet
François Narboni - Compositeur
Né à Paris en 1963, François Narboni se passionne pour la musique dès son plus jeune âge où il il commence son apprentissage instrumental. Dans son adolescence, il s'oriente essentiellement vers le jazz même s'il effectue un cursus classique dans un Conservatoire d'arrondissement puis dans un Conservatoire National de Région. Parallèlement à la pratique du jazz qu'il mènera jusqu'à un niveau professionnel, il ne cesse d'écrire de la musique. Après un voyage aux Etats Unis en 1982, il décide de se consacrer essentiellement à la composition. D'abord autodidacte dans ce domaine, il effectue ensuite quatre années d'études d'écriture musicale auprès d'Yvonne Desportes tout en travaillant comme arrangeur de studio et en écrivant des musiques de scène pour le Carré Sylvia Monfort (Paris). Plus tard il entre au Conservatoire de Paris où il étudie auprès de Betsy Jolas, Paul Méfano et Michaël Lévinas et obtient un Premier Prix de composition à l'unanimité. Il complète sa formation par une maîtrise de musicologie obtenue à Paris Sorbonne (Paris IV) et un voyage en Inde où il étudie les tablas. Il effectue le cursus de composition et d'informatique musicale de l'Ircam. François Narboni est boursier de la Casa Velàsquez à Madrid et lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs à New York ainsi que deux prix internationaux de composition. En 2000, son Opéra-spectacle Ko-Ko s'est vu décerner le prix de l'Académie des Beaux-Arts. La musique de François Narboni a été jouée en France et à l'étranger par les Ensembles 2e2m, Itinéraire, Court-Circuit, Intercontemporain, Stravinsky, Fa, Ictus, Symblêma, Soli-Tutti/Futurs-Musiques, le Quatuor Diotima, le Devlet Senfoni Orkestrasi, l'Orchestre Colonne, l'Orchestre National de Lyon, l'Orchestre National de Lille, l'Orchestre National de Lorraine, l'Orchestre Philarmonique de Radio France. Elle a fait l'objet de commandes de la part de nombreuses institutions : l'Etat Français, Radio France, Musique Nouvelle en Liberté, Ircam. François Narboni est l'auteur d'une quarantaine d'oeuvres allant de la pièce soliste au grand orchestre, utilisant la voix et l'électronique musicale. Parmi ses oeuvres principales figurent : Pandémonium, pour clavecin (1988) ; le cycle To On, pour voix solistes, choeur et orchestre (1994-1997) ; Les Animals, pour contrebasse principale, ensemble et élèctronique (1996) ; Cri(m)es of New York, pour choeur mixte a capella (1998) ; Oz pour orchestre (1999) ; El Gran Masturbator, pour ensemble instrumental et élèctronique (2000) ; Néanderthal Fandango, pour flûte seule (2001) ; Les Saisons, pour voix, instruments et électronique (2003) ; La Noia, pour orchestre (2004) ; Le Quatuor à cordes n°1 "…nouveau et particulier…" (2005) ; Le Concerto pour violon "Mr Gone" (création en 2006). François Narboni travaille régulièrement avec le théâtre (Antoine Juliens, Sugeeta Fribourg), le cinéma (Gilles Volta, Benjamin Sylvestre) et la danse (Compagnie Fattoumi-Lamoureux), il s'est récemment orienté vers le design sonore avec plusieurs installations électro-acoustiques, dont une permanente réalisée sur le Parc Archéologique Européen de Bliesbruck-Reinheim (Lorraine).